Epilogue

 

Le Nombre d'Or et le Tarot 

 

Les proportions dorées de Kheops

 

La structure arithmologique interne du Tarot renvoie finalement aux enseignements néo-pythagoriciens d'Alexandrie tandis que son imagerie externe semble faire référence aux gnoses pré et post chrétiennes.

Une question se pose encore, c'est à dire qu'elle demeure encore non résolue…

Le ou les concepteurs du Tarot ont eu la même sensibilité à la Beauté que l'architecte de la plus large des pyramides de Guiseh, à savoir celle du roi Khéops.

En effet, le Nombre d'or ou « divine proportion » partage les nombres du Tarot comme ceux de la Grande Pyramide de la même façon : en moyenne et en extrême raison.

 

La question que je pose aujourd'hui se résume à savoir si le Tarot renvoie, au-delà de sa structure pythagoricienne, à l'antique Egypte, mère de la civilisation occidentale …

Je ne cache pas que la réponse quasi unanime des historiens et des tarologues compétents est négative…

La structure arithmologique demeure indéniablement néo-pythagoricienne : elle racine à l'origine des milieux helléniques d'Alexandrie.

La disposition en Pyramide des 22 Majeurs, Carré des 16 Honneurs et Tétractys des 40 Cartes Numérales - à l'intérieur d'une seule et même structure : le triangle mère des 78 lames - démontre non seulement l'unité première et organique du Tarot mais aussi l'indéniable source pythagoricienne originelle. ("Origines et histoire du Tarot - Le tarot médiéval - Eléments de tarologie". Editions ENVOL, 1997 - DG Diffusion, TOULOUSE).

Ainsi les nombres du Tarot font-ils découvrir une géométrie philosophale typique de l'arithmologie pythagoricienne propre à la civilisation alexandrine .

A la source, le Tarot se révèle être un symbole pythagoricien. A mon sens, le Tarot fut d'abord et avant tout une structure numérique pythagoricienne. Il ne sera codifié qu'ultérieurement sous la forme imagée d'icônes pour lesmajeurs et d'emblèmes pour les mineurs.

Autrement dit, avant même de devenir les images que nous connaissons, les cartes du Tarot renvoyaient à des symboles d'abord sculptés sur pierres (Christ en Majesté et Le Monde, XXIè lame du Tarot de Marseille) ;plus encore, avant la statuaire romane, les symboles étaient exprimés dans l'iconographie du christianisme primitif ...

Toutefois, antérieurement leur expression chrétienne, ce furent des nombres pythagoriciens.

En effet, ces nombres dessinent des figures géométriques s'emboîtant rigoureusement les unes dans les autres. Le nombre pyramidal 22 des arcanes majeurs dessine dans le "plan" une pyramide virtuelle que matérialisent dans "l'espace" les arcanes mineurs. En effet, les 4 tétractys correspondant aux 40 cartes numérales sont des triangles équilatéraux de base 4. Réunis par un sommet commun, ils permettent d'obtenir la pointe de la pyramide tandis que le carré de base 4 des 16 honneurs en dessine le socle. Il s'agit d'une pyramide composée de 4 faces verticales ( les 4 tétractys des 40 cartes numérales) et d'une base horizontale (les 16 honneurs).

Mais pourquoi faire précisément référence à la plus ancienne des pyramides du site de GUISEH, à savoir KHEOPS ?

Tout simplement parce que seule la pyramide de KHEOPS a 220 coudées royales de demi-base. Or,le compte pythagoricien du nombre d'emblèmes sur les 40 arcanes numériques donne exactement le même chiffre : 4 fois 55 emblèmes soit 220.

Total des 40 arcanes numériques : 4 x 55 = 220

Ce ne fut que beaucoup plus tard qu'enfin se fit soudainement jour en moi la preuve subjective qui acheva de confirmer l'intuition première en certitude intérieure: les 16 honneurs restants (56 arcanes mineurs = 40 cartes numérales et 16 figures) comptés depuis le premier jusqu'au seizième donne le chiffre 136.

1+2+3+4+5+6+7+8+9+10+11+12+13+14+15+16=136

Le nombre 136 (pas 134 ni 135) est précisément le chiffre qui manque à 220 pour créer la somme de 356.

220 + 136 = 356             

Or, la hauteur suivant le plan d'une des quatre faces de la Grande Pyramide égyptienne vaut exactement 356coudées. Plus encore, cette hauteur suivant le plan d'une face de KHEOPS n'a rien d'aléatoire. En effet, la hauteur suivant le plan d'une des quatre faces de KHEOPS (356 coudées) divisée par la demi-base 220 (coudées) donne le nombre d'or ou Phi :

 [356:220] = [1,6181818] = [Nombre d'Or]   

Sans pour autant approfondir en détail les propriétés remarquables du nombre d'or, l'on retiendra qu'il a pour propriété principale d'établir un rapport parfait tel que la somme de deux nombres inégaux [ici:220+136=356] soit tel que cette somme divisée par le plus grand des deux nombres inégaux [ici:356:220] soit égale au plus grand de ces nombres inégaux divisé par le plus petit [ici:220:136].

[220+136=356]=>[356:220]=[Phi]=[220:136]    

Cette proportion "dorée" sera aussi appelée "divine proportion" car les pythagoriciens y voyaient la marque du Verbe divin dans sa création du Vivant.

En effet, le Nombre d'Or ou Phi est une proportion parfaite asymétrique qui régente le monde minéral, végétal, animal et humain...

Divine proportion, les pythagoriciens grecs l'exprimeront mathématiquement alors que l'architecte de Khéops l'avait d'abord perçu intuitivement.

Exceptionnelle synchronicité car les connaissances supposées des anciens égyptiens ne donnaient qu' une valeur très approximative de Pi = 3,16 [papyrus de Rhind]...

L'ensemble de ces figures, c'est à dire la totalité des 78 lames du Tarot, dessine-t-il la plus ancienne des pyramides égyptiennes : la Grande Pyramide de KHEOPS ?  

Difficile de connaître avec exactitude les dimensions exactes de la construction pharaonique.

Compte tenu de l'usure des siècles, les spécialistes tendent à se mettre d'accord sur les dimensions originelles suivantes :

- côté du carré : 440 coudées royales

- hauteur verticale du sommet : 280 coudées royales

La coudée royale était l'unité de mesure utilisée dans l'Egypte ancienne(convertie en système métrique, elle vaudrait environ 0,523m).

Or, il s'avère qu'au grand étonnement de la plupart des spécialistes en égyptologie, les égyptiens ont bel et bien fait usage du Nombre d'Or sans le savoir.

La démonstration en fut faite en 1973 par le polytechnicien français Marius CLEYET-MICHAUD dont je résume ici l'argumentation.

La pyramide de Chéops.

C'est une pyramide à base carrée (horizontale), le sommet étant sur la perpendiculaire(verticale) à la base, élevée du centre du carré. La forme et les dimensions d'une telle figure géométrique sont parfaitement déterminées si l'on connaît :

- le côté du carré (440 coudées)

- la hauteur verticale du sommet au dessus de la base (280 coudées)

Si nous nommons S le sommet de la pyramide et ABCD le carré de base de centre H, la droite SH en est la hauteur verticale (280 coudées).

Chaque côté AB=BC=CD=DA=440 coudées.

[Pour comprendre pourquoi faire référence au demi-côté soit à 220 coudées(440 : 2 = 220), il faut situer les points E,F,G,I respectivement au milieu des cotés :

E pour AB : AE=EB=220

F pour BC : BF=FC=220

G pour CG : CG=GD=220

I pour DA : DI=IA=220

Ainsi par exemple le triangle isocèle ESG est la juxtaposition de deux triangles rectangles SHE et SHG.

De même pour le triangle isocèle FSI constitué de deux triangles rectangles SHI et SHF.]

 

Cette forme de triangle rectangle peut être caractérisée par le rapport k du grand côté au petit côté de l'angle droit soit : k = 1,27272.

Cette forme est conforme aux dimensions "à l'origine" admises de nos jours.

 

D'autre part, les nombres 280 et 440 qui fixent ces dimension sauraient pu être choisis pour des motifs d'ordre arithmologique. Cette forme est extrêmement voisine et impossible à distinguer en pratique de celle issue du théorème de Pythagore où le rapport de l'hypothénuse (356 coudées) au petit coté (220) est égal au nombre d'or. Pourtant cette forme où k = 1,272201 a pour elle le témoignage prêté à l'historien grec HERODOTE. Ce dernier aurait appris, des prêtres égyptiens, que les proportions de la pyramide de Chéops étaient telles que le carré construit sur la hauteur comme côté, avait une aire égale à celle de l'une quelconque des faces latérales triangulaires…

Un calcul simple montre que, s'il en est ainsi, le rapport SE/HE ou SG/HG de même que SI/HI ou SF/HF est rigoureusement égal au nombre d'or :356 coudées/220 coudées = PHI

Marius CLEYET-MICHAUD Le Nombre d'or Presses Universitaires de France 1éd. 1973 7éd. 1981

(Pour le construire, il suffit de prendre un rectangle dont le rapport de la diagonale au petit côté est égal au nombre d'or. Une application immédiate du théorème de Pythagore montre que le rapport du grand côté au petit côté est égal à racine de Phi.)

Voilà pourquoi , les proportions de Khéops ont bel et bien pu être choisis pour des motifs arithmologiques...

Quant à moi, je suis intimement persuadé que la découverte empirique du nombre d'or remonte même à la plus antique antiquité. Quitte à choquer, j'affirme que mêmes les peintures des époques préhistoriques témoignent de cette connaissance intuitive artistique (Voir la connaissance des propriétés arithmologiques du nombre 17 dans Lascaux!).

Je demeure certain que les ancêtres ont très tôt su tracer un cercle et une droite, et qu'ils surent rapidement le diviser en cinq tronçons égaux. Ils n'avaient qu'à observer la grande variété de fleurs à cinq pétales régulièrement répartis dans la Nature, une étoile de mer ou un oursin, ou tout simplement les proportions dorées du corps et du visage humain...

Ce fut cette division par cinq qui joua sur la main à cinq doigts.

La longueur de la main, doigts écartés (en système métrique entre 20 et 23 cm) donnera naissance à l'empan. Cette mesure naturelle permettra les autres mesures, parmi lesquelles notamment la paume (7,6 cm), le pied (entre 32 et 37 cm) et à la coudée (52,36 cm).

"Ayant appris à diviser la circonférence d'un cercle en cinq ou dix arcs égaux, ils en vinrent tout naturellement à construire les pentagones et décagones réguliers, convexes ou étoilés. Dès lors, ils avaient sous les yeux, sensiblement, le Nombre d'Or. A partir de cette donnée, on peut supposer qu'un certain nombre de propriétés géométriques du nombre d'or furent mises en évidence expérimentalement, bien avant que les Grecs n'aient conféré la rigueur mathématique à la notion de nombre d'or. Il est vrai que ces considérations s'appuient sur de sérieuses présomptions mais que les preuves irréfutables, consistant en textes écrits traitant des propriétés du nombres d'or n'apparaîtront qu'avec les Grecs."

Les présomptions consistent en la présence effective du Nombre d'Or ou plûtot de figures géométriques se rattachant au Nombre d'Or dans la Grande Pyramyde de Khéops.

Il est vrai que certaines de ces figures sont extrêmement voisines de figures où entrent d'autres nombres tel le nombre Pi et non le nombre Phi. Pourtant, "la distinction importante du point de vue mathématique et philosophique, paraît négligeable au regard de l'esthétique positive ou des applications pratiques." (Marius CLEYET MICHAUD Le Nombre d'or Presses Universitaies de France)

En fait, la connaissance de cette divine proportionne saurait donc être seulement datée du franciscain Lucio Pacioli et de son traité "Divina proportione": il dit lui-même avoir pleine conscience d'une science très secrète "secretissima scientia".

Néanmoins, je reconnais que la présence du Nombre d'Or dans le Tarot ainsi que celle du nombre transcendant Pi ne constituent pas une évidence suffisante pour établir une connexion indéniable entre le Tarot et l'Egypte ancienne – même si la coïncidence est plus que remarquable car ce sont bien les mêmes nombres qui définissent la proportion dorée dans les deux cas… Toutefois, ce seront des éléments à prendre en considération pour une éventuelle réouverture du dossier aujourd'hui clos des corrélations possibles entre la structure néo-pythagoricienne du Tarot et la Grande Pyramide de Khéops. Je préfère parler d'intime conviction, de certitude intérieure. Je m'oblige personne à adhérer à mes propos.

La structure arithmologique interne du Tarot demeure néanmoins objectivement valable malgré le commentaire subjectif que j'en donne aujourd'hui qui, je le conçois, peut chagriner certains- inquiets de me voir si soudainement quitter le solide et sécurisant domaine scientifique...

 

 

Réf. Paul-Henri MICHEL De Pythagore à Euclide Société d'édition Les Belles Lettres,1950